Guest Blogging : Les limites de la RSE
14 septembre 2010
Cet article a été mis à jour le 29 juin 2012 à 12:47
La question des limites de la RSE est souvent posée… Quelles sont, concrètement, les actions que doit mener une entreprise, et ou s’arrête son champ de compétence. Début de réponse avec 3 grandes limites de la RSE, identifiées pour nous par Joachim, étudiant en Management des Entreprises à Paris. N’hésitez pas vous aussi à proposer vos contributions sur RSE-pro !
Une harmonisation difficile à trouver
Les codes de bonne conduite édités par les entreprises, qui définissent notamment leur politique RSE, sont de qualité très variable. Les codes de conduite sont en réalité une panoplie de bonnes intentions, mais ils sont aussi parfois un fourre-tout, une collection de valeurs « greenwashées », cumulées comme on sticke des autocollants sur une voiture pour faire le Paris Dakar. Les codes de bonne conduite sont parfois trop vagues… et il est donc difficile de trouver un lien entre tous. Quel impact ont les codes de bonne conduite ? « Amené à faire un choix entre maximiser ses profits et appliquer au code de bonne conduite, tout patron opterait pour la recherche de profits. Même si ces deux facteurs ont été réconciliés jusqu’à un certain point à travers des réformes intervenues dans le processus de production, un contrôle plus strict du travail et des coûts de production en baisse, le modèle de gestion inspiré du Taylorisme et les contrôles draconiens du travail n’ont pas été éradiqués, ils ont plutôt augmenté. Cette situation entrave l’efficacité du code de bonne conduite et empêche les travailleurs de faire valoir leur droit à la libre association et aux conventions collectives » (Sociological Studies, No. 5, 2007, Yu Xiaomin).
Les codes de bonne conduite touchent rarement les points sensibles que sont les questions liées aux droits de l’Homme et à sa violation, à la corruption. Quel code de bonne conduite a déjà couché noir sur blanc une interdiction de travailler avec des pays ou des violations de droits de l’homme sont constatées ?
Quel contrôle et quelles garanties sur les politiques RSE ?
Il manque un acteur clé pour le contrôle des actions RSE. Les labels, vérifications ou autres estampes qui garantissent que les actions et discours mise en avant dans la communication sont rréellement appliqués manquent, à mon goût. « On ne peut pas être juge et jugé. Le label est important (même s’il y en a déjà trop), mais ce qui est plus important encore, c’est qui accorde ce label. La reconnaissance doit de toutes les façons venir de l’extérieur, et d’un organisme reconnu, mieux encore, d’un auditeur reconnu concernant la RSE. Ce n’est pas parce que l’on fait de l’audit financier que l’on est habilité à faire de l’audit RSE. Ce qui me fait peur, c’est que les entreprises fassent tout pour avoir un label, alors qu’elles devraient tout faire pour aller plus loin que ce que demande le Grenelle par exemple. La RSE implique une notion de volonté propre à chaque entreprise, et suivre la loi n’est pas une chose volontaire mais bien obligatoire. Un label « RSE » ne devrait être accordé qu’aux entreprises qui vont plus loin que la loi » explique Eric Feront sur le site Marketing Professionnel.
Je suis totalement en accord avec le fait qu’à la base, le principe de la RSE est le volontariat. Or, on se dirige tranquillement vers un cadre légal, des normes, qui seront imposées aux entreprises en matière de RSE, et qui vont ainsi gommer cet aspect volontaire, pourtant fondateur. Tenter d’aller au delà de la loi, et ne recompenser que ceux qui dépassent ce cadre réglementaire me parait toutefois une mauvaise idée.
1. Car ce n’est pas justifiable (il y a une loi, mais seuls ceux qui font mieux auront un label… Mais alors, pourquoi ne pas renforcer la loi ?)
2. Cela peut inciter des entreprises à en faire plus (c’est bien), mais en faire trop (c’est pas bien).
Les engagements pris par les entreprises et ceux qu’elles imposent à leurs fournisseurs ne sont pas forcément soumis à un contrôle extérieur et indépendant, ce qui entraîne une perte de crédibilité. Cela a pour conséquence de ne pas valoriser à leur juste valeur les entreprises qui se donnent le plus… Ok, mais alors allons vers des labels et des certificats forts, qui donnent un cadre précis. Du volontariat encadré, oui…
Un rôle à trouver : le juste équilibre
Avec l’affirmation des valeurs de la RSE, l’entreprise étend son champ d’action et devient plus « responsable ». Mais de quoi est-elle responsable au juste. Avec ce nouveau rôle qui lui incombe, l’entreprise peut avoir une réaction minimaliste qui consiste à ne pas faire davantage que ce qu’exige la loi, ou au contraire, prendre le partie de mener des actions en outrepassant son mandat et sa capacité. En fait, la RSE est un chapeau rempli de nombreuses belles valeurs, mais certaines entreprises peu ou pas préparées à faire le pas, veulent en faire trop.
Certaines entreprises, croyant bien faire, vont au-delà de leur sphère d’influence et certaines ont pris pour acquis qu’elles devraient en faire davantage. La RSE s’est imposée à elles et leur a donné des responsabilités… parfois en total décalage, et pas forcément logiques. En conséquence, la responsabilité sociale, sociétale ou environnementale des entreprises parait confuse du point de vue des consommateurs. Si deux entreprises sont dans le même secteur, et que l’une d’entre elle a des responsabilités beaucoup plus grande, alors la seconde sera moins bien vue… En fait, l’attente envers la responsabilité sociale des entreprises n’a cessé de croître.
On revient ainsi au besoin de donner un cadre, et de délimiter le rayon d’action réel d’une entreprise.
Merci Joachim d’avoir cité l’article de Eric Feront publié sur Marketing Professionnel :
http://www.marketing-professionnel.fr/parole-expert/audit-social-auditeurs-certifies-rse-responsabilite-sociale-des-entreprises-eric-feront.html
Je signale aux lecteurs de RSE Pro que nous avons aussi chroniqué un ouvrage sur la RSE, « l’entreprise au coeur du développement durable », écrit par Laurence Lecoeur : http://www.marketing-professionnel.fr/bibliographie/entreprise-coeur-developpement-durable-laurence-lecoeur-gereso.html
Merci Joachim d’avoir cité l’article de Eric Feront publié sur Marketing Professionnel :
http://www.marketing-professionnel.fr/parole-expert/audit-social-auditeurs-certifies-rse-responsabilite-sociale-des-entreprises-eric-feront.html
Je signale aux lecteurs de RSE Pro que nous avons aussi chroniqué un ouvrage sur la RSE, « l’entreprise au coeur du développement durable », écrit par Laurence Lecoeur : http://www.marketing-professionnel.fr/bibliographie/entreprise-coeur-developpement-durable-laurence-lecoeur-gereso.html
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