RSE : les bonnes pratiques dans le tourisme
25 août 2010
Cet article a été mis à jour le 29 juin 2012 à 12:47
Aujourd’hui, le tourisme international est la première source de recettes d’exportations devant l’automobile, la chimie, l’alimentation, l’informatique et le pétrole. En terme d’emplois, le tourisme représente 231 millions d’emplois directs et indirects, soit 8% de l’emploi total. Voila le cadre posé. Le tourisme est l’un des grands secteurs dans lequel le virage de la RSE est primordial. Bien plus que de simples changements de comportement, le tourisme se retrouve aujourd’hui face à un enjeu majeur. Directement impacté par les changements climatiques, le secteur du tourisme est à la fois coupable et victime de la plupart des dérèglements auxquels on peut assister. Voici quelques pistes à suivre.
L’impact du tourisme sur l’environnement
De 1990 à 2006, les recettes liées à l’activité touristique ont été multipliées par 3 (de 264 à 735 milliards de $), tandis que le nombre d’arrivées de touristes internationaux a presque doublé sur la même période. De 170 millions de touristes en 1970, nous passerons à 1.600.000.000 de touristes en 2010. Un chiffre tout simplement hallucinant, qui n’est pas sans soulever quelques interrogations… Quelles conséquences sur l’état de notre planète ?
Le tourisme coupable
Avec l’industrie automobile et l’industrie chimique, le secteur du tourisme est régulièrement pointé du doigt pour son impact non négligeable sur la planète. Le tourisme commence son impact négatif lorsque le nombre de touristes présents en un point n’est pas compatible et dépasse les capacités normales. Le tourisme conventionnel qui est encore la règle aujourd’hui, ne suit aucun contrôle, et est potentiellement dangereux pour de nombreux sites à travers la planète. Pollution, modification du paysage, impact sur les cours d’eau, pressions sur les populations locales, disparition d’espèces protégées, modification de la faune / flore.
En de nombreux endroits, le tourisme épuise les ressources en eau, obligeant les populations locales à se battre pour leurs besoins vitaux.
Le problème de l’eau
L’industrie du tourisme pose toujours le problème de l’utilisation de l’eau. Alors que des efforts sont faits pour l’économiser, et éviter les conflits à son sujet, l’eau est souvent utilisée dans des volumes indécents pour les hôtels, les piscines, les parcours de golf, mais aussi pour les touristes et leur utilisation personnelle. Il a été montré qu’un touriste venant sur la coté Méditerranéenne peut consommer jusqu’à 440 litres d’eau par jour !
Energie, alimentation, le tourisme a besoin de ces ressources, et induit ainsi de nombreux impacts. L’utilisation de transports pour acheminer ces éléments favorise la pollution.
La pollution liée au tourisme
Le tourisme génère le même type de pollution que d’autres activités : pollution de l’air, pollution sonore, production de déchets, pollution visuelle et architecturale. Le transport aérien, mais aussi routier ou ferroviaire, est en croissance continue. Le nombre de passagers qui utilisent l’avion, sur 1 an, est passé de 88 millions en 1972 à 344 millions en 1994. Le tourisme est ainsi responsable de 60% des émissions dans le secteur aérien. Un aller-retour Paris / New-York consomme autant d’énergie qu’une personne pendant 1 an. (Mayer Hillman, Town & Country Planning magazine, September 1996. Source: MFOE ).
Dégradation de l’environnement
Les zones touristiques attractives sont souvent des endroits riches, avec un éco système particulier. Plages, lacs, rivières, montagnes, ces endroits subissent des dégradations irréversibles liées au tourisme.
Le nombre de touristes dans l’Himalaya est souvent pris comme exemple de cette dérive. Un tourisme de pèlerinage, pour découvrir un endroit magnifique. Mais la forêt diminue (utilisée pour faire du feu), tandis que les déchets s’accumulent…
Le tourisme victime
Responsable de nombreuses modifications et impacts comme nous venons de le voir, le tourisme est aussi victime. « Les neiges du Kilimandjaro auront fondu au plus tard en 2020, le centre historique de Venise sera submergé et certaines îles des Maldives englouties par les flots: le réchauffement climatique fait planer sur le tourisme le spectre d’un scénario catastrophe » peut-on lire dans un excellent article du site L’Express intitulé « Le tourisme, victime et responsable du réchauffement de la planète » (29 novembre 2007). Il faut réagir (via la mise en place de politiques RSE, de stratégies de développement responsables), mais tous les acteurs du tourisme ne sont pas forcément près à agir.
« 60 ans après son indépendance, ce n’est que maintenant que l’Inde commence à développer pleinement son potentiel touristique. Il serait injuste de nous faire payer le prix de la pollution« , a estimé la ministre indienne du Tourisme, Ambika Soni. Si la nécessité d’un tourisme responsable, plus durable nous parait une évidence, comment le justifier auprès de pays émergents et arrivant à maturité actuellement sur le marché du tourisme ?
La nécessaire révolution du tourisme
Une réduction des coûts indispensable
La nécessaire révolution du tourisme passe par une réduction des couts. Des coûts énergétiques élevés pour certains établissements, en passant par des volumes de déchets problématiques à stocker en centre ville… Les problématiques sont très différentes en fonction des hôtels, des compagnies aériennes, des voyagistes.
« La démarche de responsabilité sociale et environnementale permettra d’offrir une meilleure qualité de vie aux touristes et à ceux qui travaillent dans la structure » indiquent les créateurs du Guide Magestour, manuel de gestion Environnementale et Sociale pour les professionnels du tourisme en Région PACA..
Une attractivité à booster
Établir un lien fort entre les acteurs du tourisme et les responsables en charge non seulement de la territorialisation des politiques publiques mais aussi de la définition de politiques territoriales est indispensable. Le tourisme responsable, moteur, levier, catalyseur et prétexte, peut être un outil important du développement responsable des territoires. A lire dans l’excellent livre Tourisme responsable : clé d’entrée du développement territorial durable Guide pour la réflexion et l’action.
Conscients et particulièrement sensibilisés par les problématiques que nous venons de voir, des voyagistes et opérateurs de tourisme français ont décidé de se regrouper et de travailler ensemble pour formaliser et harmoniser des valeurs et des pratiques communes.
Ainsi naissent en France la Charte Ethique du Voyageur (inspirée du Code mondial d’éthique de l’OMT) et l’association des Tour-opérateurs thématiques (ATT) à l’origine de la certification « Agir pour Un Tourisme Responsable » (ATR), reconnue nationalement comme référence en
reconnue nationalement comme référence française en matière de tourisme durable.
Le tourisme d’affaire doit se réinventer
Il est intéressant de voir le tourisme au travers du prisme des voyages d’affaire. En effet, toutes les entreprises doivent agir et adopter une démarche RSE. Le secteur du tourisme d’affaire lie donc le monde de l’entreprise à celui du tourisme, un nœud fort en terme de RSE. Le développement durable perdure dans les mentalités des professionnels pour les voyages d’affaires, malgré la crise financière et l’obligation de réduire les coûts. Le nombre de voyages d’affaires a fortement diminué en 2009 (étude ACTE-KDS), et ce pour deux raisons. 19% des personnes interrogées dans l’étude ACTE-KDS déclarent que la réduction du nombre de voyages d’affaires dans leur organisation vise non seulement à réduire les coûts mais aussi à atteindre leurs objectifs en matière de développement durable. La crise a donc permis de couper dans les dépenses, et de donner un argument à la politique écologique ! A lire à ce sujet, La RSE garde le cap dans les voyages d’affaires.
Pour en savoir plus :
Crédit photo : matt.hintsa, Fabi Fliervoet, nattu et dubusregis
[…] En savoir plus ! […]