19 août 2015

En France, d’après une étude de 2014 de l’agence OpinionWeb, près de 53% des candidats à l’emploi disent ne pas recevoir de réponses de la part des recruteurs en cas de refus.
Pour les chômeurs, cet indicateur est rehaussé à 72%. Avec une moyenne de 60 candidatures par poste proposé, on peut comprendre la tentation de certains services RH de ne se focaliser que sur les profils les plus adéquats, sans s’embarrasser de réponses pour les candidats non retenus.
Pourtant, il s’agit bien là d’une erreur d’appréciation, à plusieurs niveaux.

Prendre en compte la dimension humaine : Parce que chaque profil de demandeur d’emploi est différent!

C’est un fait, être en situation de recherche d’emploi est bien souvent une situation stressante et inconfortable. Quel que soit le secteur d’activité visé ou la rareté des postes disponibles, il n’est jamais agréable d’être confronté à l’attente et à l’incertitude.

De la réponse d’un employeur à une candidature découle non seulement la situation professionnelle et financière du candidat, mais également une multitude de facteurs personnels.

Sur le long terme, certaines personnes auront tendance à se dévaloriser et finalement à se décourager dans leurs recherches, du fait du nombre restreint de réponses à leurs sollicitations. D’autres pourront subir certaines pressions dans leur cercle personnel et familial du fait d’une période de chômage jugée trop longue, ce qui aura pour effet d’augmenter encore le stress.

En résumé, chaque candidature est en elle-même porteuse d’espoir. A partir du moment où un candidat à l’embauche envoie son dossier de motivation, il entre dans une phase d’attente, qui va plus ou moins mobiliser ses facultés selon les personnalités et les situations. De l’acceptation ou du refus peut dépendre tout son avenir, à divers niveaux.

C’est donc une marque de respect des plus élémentaires que de mettre fin à ses incertitudes. Si le profil ne correspond pas, il ne faut pas hésiter à le dire, sans pour autant sombrer dans le misérabilisme.

Même en cas de déception, le candidat préfèrera toujours une réponse négative, sachant que son profil a malgré tout fait l’objet d’un examen de votre part, plutôt que de demeurer sans aucune réponse et se trouver blessé par ce qu’il interprètera comme un manque de considération.

 Pour l’image de votre entreprise

Les demandeurs d’emploi d’aujourd’hui sont les collaborateurs et concurrents de demain ! Aujourd’hui on compte en France plus de 5 millions de personnes en situation de recherche d’emploi, mais cette situation est vouée à évoluer …

En laissant un candidat sans la moindre réponse, vous pouvez nuire à l’image de votre structure. Une personne motivée, avec un intérêt marqué pour votre activité, vos valeurs et votre marque pourrait voir ses opinions changer du tout au tout suite à une absence de réponse ou à un refus non motivé.

Elle ne manquera pas alors de communiquer cette expérience négative dans son entourage, ce qui peut à terme devenir préjudiciable pour l’image de votre entreprise. Gardez à l’esprit que si une personne vous adresse sa candidature, c’est que, dans une grande majorité de cas, elle a un intérêt réel pour le poste à pourvoir et l’entreprise qui le propose.

Il serait donc dommage de décevoir un candidat acquis à votre cause qui, s’il ne devient pas collaborateur pour le poste visé, est un client ou partenaire potentiel. Comme bien d’autres aspects de la vie d’une entreprise, la phase de recrutement est aussi un acte de communication, ne la négligez pas !

 Parce que ce n’est ni cher, ni chronophage !

Entre le temps nécessaire à la rédaction d’un message court et concis, tout en restant courtois, puis l’envoi groupé du mail à l’ensemble des candidats non retenus, on peut considérer que répondre à une candidature est finalement une opération simple et peu onéreuse pour l’entreprise.

En d’autres termes, c’est une tâche rapide que l’on peut facilement mener à bien sans compromettre les impératifs d’une journée de travail. Si elle peut paraître rébarbative ou embarrassante pour certains, l’investissement humain et financier qu’elle nécessite, est finalement très réduit.

 Parce qu’on peut dire «Non » sans être décourageant !

Il est normal d’appréhender le fait d’être annonciateur d’une mauvaise nouvelle.
Certaines personnes peuvent être tentées d’appliquer la « politique de l’autruche » pour ne pas avoir à se confronter à cet exercice difficile. Pourtant, en acceptant de répondre aux candidatures non retenues vous rendez aussi service à ces candidats.

• Ils ne seront plus dans l’attente de votre réponse et pourront passer à une autre candidature.
• Vous pouvez, de façon très sommaire, expliquer les raisons de votre refus, afin qu’il soit mieux accepté (défaut d’expérience, diplôme insuffisant pour le poste, autre candidat plus qualifié, qualités spécifiques au poste, à la mission …).
• S’ils n’ont pas les compétences requises, ou si leur candidature n’est pas assez attractive votre refus les aidera à affiner leurs recherches et leurs méthodes.
• Une réponse de votre part, même négative, confirme le fait que leur candidature a effectivement été examinée, et qu’elle a été prise en considération dans le processus de recrutement.
• Si jamais vous décidez de conserver le dossier de candidature pour une éventuelle embauche ultérieure sur un autre compte, vous démontrez que la démarche du candidat n’était pas vaine et portera peut-être ses fruits à une autre occasion.
• Souligner l’intérêt de chaque candidature et savoir se montrer optimiste et encourageant, sans tomber dans la flatterie, sera toujours apprécié.

Pour la dimension éthique et déontologique de votre entreprise

Au même titre que l’absence de discrimination ou que du respect de la confidentialité des informations échangées, l’information des candidats non retenus est avant tout un impératif déontologique du processus de recrutement !

S’il n’existe pas encore aujourd’hui quelconque obligation légale en ce sens pesant sur les recruteurs, ne pas le faire revient à commettre une faute morale.

La façon dont une entreprise va gérer son processus de recrutement est souvent assez révélatrice de ses usages dans un cadre plus global. Savoir faire preuve de compréhension et d’encouragement à l’égard d’un candidat refusé, c’est aussi remettre l’humain au cœur de l’entreprise.

Ce genre de pratiques, souvent éludées ou reportées pour de mauvaises raisons, sont en réalité porteuses de sens, à l’intérieur comme à l’extérieur de votre entreprise. Elles témoignent de vos valeurs, participent au bien être des collaborateurs et génèrent de l’intérêt pour votre structure.

Pour conclure, on retiendra que répondre à une candidature d’emploi refusée est bénéfique à tout point de vue, pour le candidat lui-même, comme pour l’image de l’entreprise, c’est avant tout une question de civisme et de respect dans les rapports à autrui.