Les 2 visions de la RSE pour une entreprise
26 avril 2011
Cet article a été mis à jour le 29 juin 2012 à 12:44
Il existe deux principales visions de la RSE en entreprise. Quel rôle doit jouer l’organisation, quelles interactions avec ses parties prenantes… Deux grandes visions d’ensemble émergent. D’un coté, nous avons une vision qui donne à l’entreprise la mission de diffuser les valeurs et les bonnes pratiques sociales et environnementales. L’autre vision est dite « défensive », consistant en l’édition de règles et normes pour se prémunir des risques liés aux pratiques de certains fournisseurs qui n’appliqueraient pas des normes socialement acceptables.
La vision évangéliste de la RSE
Il s’agit avant tout d’une conception consensuelle des relations. Un monde idéal dans lequel l’intérêt général et l’intérêt de l’entreprise convergent. En effet, cette vision tant à répandre bien au delà des frontières de l’entreprise, les bonnes pratiques développées en interne. C’est un peu sur ce mode que fonctionnent, par exemple, les ONG, qui veulent évangéliser avec leurs codes et bonnes pratiques. On retrouve là les principes du Pacte Mondial. Les dirigeants des entreprise vont ainsi « embrasser, promouvoir et faire respecter un ensemble de valeurs fondamentales dans le domaine des droits de l’homme, des normes du travail, de l’environnement et de la lutte contre la corruption« . Il faut encourager l’adoption de bonnes pratiques tout au long de la supply-chain, une entreprise servant ainsi de « leader » pour les fournisseurs et sous-traitants, qui doivent se mettre en mouvement et tendre vers les bonnes pratiques.

Hiérarchie des responsabilités de l’entreprise, © K.M. Leisinger
Cette vision est présente dans les grands groupes, qui profitent de leur aura pour diffuser leurs bonnes pratiques (et communiquer sur cela). On retrouve aussi cette méthode dans les entreprises qui possèdent la plupart de leurs fournisseurs / sous-traitants dans des pays ou les principes RSE ne sont pas encore développés. Pays du Sud, Asie, les législations environnementales où sociales sont moins exigeantes et impliquent une démarche volontaire des entreprises.
C’est cette vision qui fait apparaitre les « codes de conduite » et guides de bonnes pratiques dans différents secteurs d’activité. Puisque la loi NRE oblige les entreprises à communiquer sur la façon dont elles valorisent auprès de leurs sous traitants les conventions de l’OIT, les documents cadres fleurissent.
Frontières : Inexistantes, les bonnes pratiques de l’entreprise doivent se répandre bien au delà de l’organisation
Mode de développement de la RSE : en réseau
Outils : guides de bonnes pratiques, codes de conduite
Type de relation : autres critères que les seuls prix du marché
Entreprise type : Grand groupe multinational, ou entreprise commerçant avec des pays ou les pratiques sont en retard dans le domaine de la RSE
La vision défensive de la RSE
Dans la vision défensive, les décideurs de l’entreprise voient dans le risque de réputation l’un des vecteurs déterminant. Société ou de plus en plus d’acteurs ont la parole, ou les ONG et associations de consommateurs demandent des comptes, font des enquêtes… la réputation de l’entreprise et son image est un écosystème fragile. La RSE est ici bien plus vue comme un outil, un vecteur logique de performances économiques et de protection de l’image, qu’une démarche d’amélioration continue. Cette vision défensive induit un rapport de force qui peut être conflictuel avec les parties prenantes, le dialogue est ainsi bien plus sur le ton du contrôle, de la conformité, de la validation, et non sur l’échange.
Les risques sont liés aux produits achetés ou aux entreprises qui les fournissent. Des politiques d’achat sont alors mises en place, des contrôles qualité stricts visent à éviter la présence de substances dangereuses, la génération de déforestation, ou la production de déchets en excès. L’entreprise va ainsi chercher à obtenir le maximum d’information de ce qui se passe en dehors de ses propres frontières. Les codes de conduites ou autres chartes d’achat deviennent alors des outils du risk-management pour anticiper les éventuels problèmes ! Les investisseurs et les parties prenantes sont de plus en plus concernés par les risques potentiels liés à la chaine d’approvisionnement (EIRIS, FTSE4good criteria).
Cette vision défensive déporte les obligations RSE de l’entreprise, vers es fournisseurs et sous traitants. Un report sur les fournisseurs de l’obligation de RSE permet ainsi de ne pas avoir à gérer en interne des procédures trop lourdes… cette pression est d’autant plus forte que l’entreprise pèse financièrement sur son fournisseur, avec souvent des menaces de dé-référencement… La vision défensive est souvent pointée du doigt par de nombreux producteurs de Pays du Sud, car plus les exigences de performances environnementales ou sociales sont élevées plus l’accès au marché est difficile…
Frontières : Aux limites de l’entreprise, les territoires sont clairement définis
Mode de développement de la RSE : chaine d’approvisionnement essentiellement
Outils : guides de bonnes pratiques, codes de conduite, normes, certificats, NRE, OIT
Type de relation : hiérarchique, avec une pression et des « menaces »
Entreprise type : Idem, Grand groupe multinational, ou entreprise commerçant avec des pays ou les pratiques sont en retard dans le domaine de la RSE
Source : RSE et frontières de l’organisation : Management de la relation fournisseur dans les grands groupes industriels par Françoise QUAIREL-LANOIZELEE
Illustration : Guichet Public et orangeacid
Mettre tout en haut de la RSE le mécénat d’entreprise me semble épouvantablement réducteur ! Il y a des enjeux d’une autre nature comme les MDG’s (ou OMD) par exemple qui sont nettement plus urgents, et auxquels les organisations sont fortement sollicités à contribuer à hauteur de leur possibilité.
Bonjour,
Ecophanie a en partie raison. Disons qu’aujourd’hui, le paroxysme d’une entreprise responsable n’est plus une entreprise qui va soutenir des actions liées au DD, ou intervenir dans des objectifs globalisés comme les OMD (objectifs du millénaire pour le développement).
L’Entreprise responsable est celle qui réalise elle même des actions responsables, sans incitation extérieur. Lorsque sa culture de l’entreprise l’entraînera vers des objectifs RSE…
Arthur LUCAS
ILEO 360