L’implémentation d’une démarche RSE dans les entreprises : et ensuite ??? (2/2)
18 août 2010
Cet article a été mis à jour le 23 septembre 2011 à 09:22
Au fond la RSE ne peut être une complète réussite que si elle est adoptée en masse par les entreprises bien entendu mais également si un changement sociétal est opéré au niveau des économies mondiales.
La RSE a définitivement besoin d’une démarche globale, avec les entreprises d’un côté et la société civile et les citoyens de l’autre, permettant la constitution d’institutions collectives, qu’elles soient à l’échelle nationale ou internationale.
La RSE n’est pas seulement un corpus d’actions implanté indépendamment dans chaque entreprise, pour de simples raisons marketing et commerciales. La réelle vocation de la RSE est d’apporter une réponse globale à l’économie mondiale comme le paternalisme ou le fordisme en leurs temps. Dans le cadre de mondialisation des échanges, elle constitue un atout et une réponse adéquate aux turbulences actuelles économiques et éthiques car sa visée est générale et globale, tout en étant dans le même temps micro-fondé (micro-économique).
Bien entendu, cette démarche d’implémentation de la RSE est volontaire, mais pour les entreprises, celle-ci est déjà parfaitement justifiée, et cela pour plusieurs raisons :
- la déliquescence du modèle fordisme et ses avatars.
- l’appauvrissement du contrat social entre les dirigeants et les salariés, leurs représentants (syndicats), et l’état (il suffit de voir pour s’en convaincre l’essoufflement du contrat social allemand, véritable référence en la matière).
- le besoin de stabiliser leur environnement marchand rendu instable par la mondialisation et de nouveaux écueils beaucoup plus versatiles que par le passé. « La nécessité d’être éthique, découle, pour l’entreprise, de la nécessité de sortir du lot de ses concurrents » (Jaffe et alii, 1995) en cherchant à fidéliser ses clients autour de valeurs communes (environnement, gestion des matières premières, responsabilisation du client et du consommateur et non plus seulement autour des produits et de leurs valeurs marchandes.
Mais pour que cela soit possible, il faut que le mouvement prenne de l’ampleur et soit un credo commun et pour cela il faudra nécessairement un changement profond de perspective de la part des entreprises, avec le passage de l’éthique des entreprises à l’éthique de l’entreprise .
L’éthique des entreprises, issue du paternalisme, permettait de moraliser les acteurs de l’entreprise (ie les employés) avec une morale privée qui était celle du dirigeant. Mais quid de l’entreprise en elle-même ? La RSE permet ainsi de moraliser l’entreprise en elle-même en la confrontant à la société qui l’entoure, par une démarche d’objectivisation, de répérage et de référencement collectif et collégial (bref, en la confrontant aux « stakes holders »).De fait, l’entreprise devra utiliser une approche qu’elle utilise déjà dans d’autres secteurs, comme l’informatique : l’approche systémique, celle qui consiste à prendre en considération le fait que l’entreprise évolue dans un environnement au sens large, et que chaque action de l’entreprise entraine un impact sur celui-ci, et vice-versa…
On ne cherchera donc plus à développer et exposer les « valeurs » de l’entreprise mais plutôt à favoriser un cercle vertueux de dialogue entre l’entreprise et ces partenaires, qu’ils soient internes (employés) ou externes (fournisseurs…), directs ou indirects (Etat, collectivités…). Cela via une communication responsable envers toutes ces parties prenantes, ouverte et non opaque, de façon à ce que, à terme, l’entreprise soit à nouveau acceptée et considérée comme un maillon entier de la chaine, apportant sa pierre à l’édifice, faisant partie de la « Cité ». Mais pour cela, il faut que de l’autre côté, via la société civile, on pose des jalons et des normes évoluant vers une éthique macrosociale de respect des procédures communes, permettant d’accompagner les entreprises qui s’engagent dans ce processus long et complexe.
Reste à voir si dans un futur proche, les jalons pour la mise en place de ce dialogue vertueux seront posés en France, en Europe et dans le reste du monde….