4 avril 2011

Cet article a été mis à jour le 29 juin 2012 à 12:44

Laure Toulemonde

Toujours dans le cadre de la semaine du développement durable 2011, voici aujourd’hui un nouvel article donnant la parole à des spécialistes RSE, qui deviennent, le temps d’un jour, rédacteurs sur RSE-pro. Laure Toulemonde, chargée de mission partenariats chez France Bénévolat, nous parle des liens entre domaine associatif et RSE. Actuellement en formation en Management Associatif à l’ADEMA, Laure Toulemonde nous livre sa vision en tant que spécialiste. Son profil Doyoubuzz.

La RSE est proche du bicentenaire, même si elle a profondément changé ! Son expression au XIXème siècle, résolument paternaliste, impliquait la prise en charge de l’ouvrier du berceau au tombeau. Avec le fordisme, la sphère privée des travailleurs s’est déportée vers l’Etat Providence. Années 80, ce modèle s’épuise et l’entreprise se revoit confier une responsabilité sociétale : la RSE telle que nous la connaissons pose ses bases.

Trente ans plus tard son objet pluriel s’articule autour d’une quête de sens, d’une réponse à des problématiques environnementales ainsi qu’à la mondialisation et à la financiarisation de l’économie. Le lien avec les actions associatives y a toute sa place…

L’action associative des salariés ou l’appropriation d’une politique RSE

En effet, la RSE vient consolider les valeurs d’une organisation. Afin que celles-ci aillent bien au-delà des mots et donnent un contenu humain à ces valeurs, l’appropriation par les salariés est une étape importante encouragée par un certain nombre d’employeurs au travers d’actions associatives.

L'organisation interne RSE de Ernst Young

Pour un collaborateur, s’engager sur son temps de travail ou sur son temps personnel dans une association en ligne avec la politique RSE de son entreprise, est un vecteur de sens et d’utilité sociale, par lequel il se lie sous un angle nouveau avec l’action de son employeur. Mais c’est également pour l’entreprise un moyen de s’ancrer avec densité sur son territoire.

Une nouvelle ressource pour les associations

L’incitation à l’action associative des salariés par les employeurs ne serait-elle pas également une nouvelle ressources pour les associations, avec de nouveaux profils de bénévoles aux caractéristiques bien particulières.

Nombreuses sont les entreprises et fondations qui mobilisent des équipes de collaborateurs autour d’un projet le temps d’une journée ; cette mobilisation collective peut répondre à des besoins concrets d’associations sans laquelle certains projets ne pourraient voir le jour. Prenons l’exemple de trente salariés d’une entreprise d’assurance qui, répartis en deux groupes ont apporté toute leur énergie à un lieu de vie pour autistes: les premiers ont débroussaillé le parc le rendant enfin accessibles aux promenades et à la nature. Les seconds ont aménagé l’enclos d’une ferme pédagogique. Un travail dans la bonne humeur et d’une grande utilité pour tous les résidents.

D’autres employeurs encouragent l’action associative de leurs collaborateurs sur des missions plus régulières et souvent en lien avec leur cœur de métier… comment faire bénéficier à des associations des compétences d’experts ! Dans le cadre de la politique de développement durable d’un grand restaurant, des serveurs, un sous-chef cuisinier et un commis de cuisine ont voulu donner de leur temps à une association. Ils ont donc souhaité se rapprocher d’une structure dans laquelle ils pourraient investir leur temps et leurs compétences. Une fraternité des petits frères des Pauvres a accueilli avec grand plaisir une partie de la « brigade » du restaurant pour un premier repas festif, tellement apprécié de part et d’autre qu’il a rapidement été suivi d’un deuxième… Une belle rencontre entre personnes âgées bénéficiaires et collaborateurs, partie pour s’inscrire dans la durée.

Une nouvelle manière de faire société

Si l’incitation à l’action associative des salariés est une opportunité pour les entreprises et pour les associations, ne l’est-elle pas également pour le développement du bénévolat ? Elle permet en effet de toucher les salariés, cible par définition moins disponible à l’activité bénévole. Par là même elle a un double impact vertueux : faire connaître le monde associatif à des personnes qui seront un jour en retraite et donc plus disponibles… de futurs retraités bénévoles ?

Et faire travailler ensemble deux sphères qui se méconnaissent en réinventant une nouvelle manière de faire société… ou quand le résultat est supérieur à la somme des éléments !

Schéma : Ernst & Young